Comment Je cree une danse ephémère

1988

from Dossier

De nouveau, je vais me couper, c’est un perpétuel commencement. Je me fixe sans cesse dans le processus du voyage et répète sans cesse l’acte du départ.

Que je puisse couper en deux mon existence et regarder cette coupure fraîche. Qu’elle se produise sous la lame de votre flux ou du flux de la matière.

Les instants éphémères, innombrables, qui se produisent au bord des villes, des saisons ou des frontières : les instants où me traversent toutes les choses que je rencontre ; les instants où je deviens un inconnu pour moi-même, quelqu’un qui n’est plus moi. La danse est de me tenir et de me laisser tomber à l’instant de ce devenir.

Le couteau qui pénètre le fruit : nous connaissons à cet instant la même douleur que si nous coupons notre corps ; c’est cela la communication, l’échange : la coupure et la communication des flux se font simultanément. Les formes sont là : la coupure et la pulpe jaillissant de la chair. Il ne s’agit pas de choisir une forme, mais de regarder, écouter d’innombrables éphémères qui s’échangent, s’enchevêtrent dans le processus infini du devenir des formes ; et de m’intercaler dans les intervalles subtils des flux.

Voilà une méthode pour extraire toutes les formes en tant que processus et pour m’y introduire.

La danse-Ephémère : le thème en même temps que la méthode. Processus innombrable, correspondance innombrable : ce qui est toujours sensuel et qui se montre pour la première fois.

Wien, avril 1988

translation
Akihiro Ozawa
1988
Ko Murobushi