A memorial address from Angers

Raïssa  kim and students of CNDC Angers

Pour Ko

Mon idole de la Danse
Les un mois passé, partagé avec toi
m'ont servi de comprendre où je vais dans ma Danse
Ta Danse, tes mots, tes échauffements, ton regard (extérieur et intérieur sont devenus mes pistes de travail
Tu es parti, mais tu es toujours là
J'aurais aimé voulu danser sur scène avec toi
J'ai dansé, transpiré avec toi dans le grand studio de Bodinier
Mon corps et mon âme ont voyagé avec toi
Je travaillerai toujours sur et à à partir de “l’Ennui”
Ton ami Tidiani


Steven Champs, cursus initial CNDC Angers 2007-2007

En novembre 2006, au studio des Abattoirs avant Quicksilver tu m appelles et me dis: “Steven, tu peux m étaler le maquillage couleur argent sur le dos s il te plait?”
Je m éxécute.
Quelle chance d avoir vécu avec toi.

Bises à tous!

Steven


Sophie Lessard, professeur principale CNDC Angers

Monument de transformation perpétuelle.
Sa danse d’une extrême lenteur ou rapidité, évolutions quasi imperceptibles par l’œil humain
et qui remue mon imaginaire archaïque, d’animal avant les animaux, de couleurs et de formes insaisissables.

Le choque de son humour à la fois inclusif, subit et ironique.
Ko laisse des traces indélébiles sur tous les étudiants qu’il croise au CNDC.
Leurs danses gagnent en paysages, en liens avec leurs propres profondeurs.
Quant à moi, je ne verrai plus jamais le monde de la même façon qu’avant son passage à Angers.

Sophie Lessard 


Lenio Kaklea, Cursus initial CNDC Angers 2005-2007

Salut Raissa,

Je t'écris quelques jours avant le référendum en Grèce, période historique pour le pays et quelques semaines après la mort de Ko, évènement historique pour la danse contemporaine.
Le samedi 16 Mai, Ko, Kimiko et moi même mangions du poisson frit à Londres. Ko me parlait du corps (de son corps) qui durant ses performances  à la Tate résistait à la politique néo-libérale des musées et aux habitudes de consommation de ses visiteurs.

La résistance s'exprimait, je pense, par son corps, qui, bien different du mien, à dédier une vie à dansait la mort. C'était aussi la manière dont il menait sa vie; Kimiko me parlait de Ko comme un homme seul qui vivait simplement, quelqu'un qui vivait simplement autrement.

Malgré le cynisme de notre époque qui nous oblige à mortifier notre corps pour mieux consommer sa vie, j'essaye de garder aujourd'hui quelques semaines après sa disparition son souvenir, le souvenir de quelqu'un qui a vécu pleinement autrement.

Bon voyage Ko,
Lenio


Dilek Dervisoglu Champs (Cursus initial CNDC Angers 2005-2007)

Bonjour à tous et merci Raissa pour ce partage,

C est un des plus importants humains et chorégraphes dans le monde, quelqu un qui respirait, je l aime beaucoup, tous les moments qu on a passés ensemble, en France, à Istanbul et à Vienne, dans notre appart à Angers, en disant “sex sex sex ”pour le Faune de Nijinsky . Son sourire, sa cigarette… Grâce à toi, j aime la danse..

On sera à Impulstanz cet été à Vienne avec nos enfants, pour qu on soit par coeur avec toi Ko, accompagnés de tous les choregraphes et danseurs…..

Gros bisous à vous tous,
Luc Look Luckely (2006) Le solo que j ai fait avec toi Ko merci…


Raïssa Kim, coordinatrice de l’Ecole supérieure du CNDC Angers (2005-2012)

Ko,

Tu aurais fait une de ces chutes qu’on imagine à la hauteur des exercices que les étudiants du CNDC ont pu s’entraîner à faire avec toi. Surtout à Bodinier, sur ce plancher usé mais vaillant. Chuter, sauter, revenir sur ces pieds comme un chat avec la légèreté d’un oiseau.

Ton arrivée à Angers était à chaque fois un événement dans le quotidien de l’école, préparé avec grand soin, une session de travail que les étudiants attendaient avec hâte, un « bain » comme nous appelions cela. Aller toujours plus à l’est avait son exotisme pour ces jeunes personnes issues de France et de Navarre et bien au-delà.

Je pense que la première fois que tu es venu enseigner à Angers, nous n’avions aucune idée de ce que pouvait produire la rencontre avec ces jeunes artistes en devenir. Et la première vision que peut-être beaucoup ont partagé en te voyant était celle d’un personnage souriant, tonique, alerte et malicieux prêt à des facéties d’enfant. Le travail fut sans doute pour chacun une errance, une découverte, une gageure, un dépassement de soi, un terrain de liberté, une introspection, un nouveau langage, une projection pour l’imaginaire ou tout cela en même temps. Une expérience sensible qu’ils auront eu la chance de pouvoir entreprendre avec toi.

Ta venue à Angers était forcément doublée de la présence de Basile, sur la très bonne intuition de Patrick. Totalement bilingue, et fou de cinéma, Basile était devenu ton ombre et ta résonance. Lui grand avec un sweat à capuche, toi petit en imperméable beige par effet d’association, étiez devenus deux silhouettes exceptionnelles dans les petites rues d’Angers. Inséparables, perdus dans les volutes de fumée dans vos discussions nocturnes qu’on imaginait sans fin, cette amitié secrète (parce qu’en japonais) a aussi accompagné cet état de travail. Et ce qu’on a pu voir des projets des étudiants sous ton regard habile et acéré nous a déconcerté, surpris, déplacé, réjoui.  A chaque promotion son énergie, sa liberté de forme, ses creux, ses évidements, ses saillances et ses fulgurances. Un sacré parcours intime avec soi.

Nous avons tous emprunté ta danse chacun à sa manière et l’empreinte est aujourd’hui toujours très belle, vivante et foisonnante en France, en Navarre et bien au-delà.

Tu aimais prendre des photos. Il y en a une qui m’a marquée parce que c’était la première fois. J’ai ce souvenir et je la vois. C’était une fête chez des étudiants, il y avait aussi Isabelle et Daniel. Tous les étudiants étaient là, fêtards. Il y a cette photo de groupe qui a été prise : tu es devant au centre, gai, détendu, fier d’en être et tu es entouré de tous les étudiants joyeux, légers, rigolards, et hilares. J’ai toujours aimé cette photo.  

Raïssa 

2015
“toward <outside>! toward <transit>!”