HINAGATA

1977

from Other

I violently severed the continuation of my thoughts
on the question of how and from where can the total fulfillment of this existence be fathomed within this alien form that is fate created by nature.

Standing on that severance,
from the layering darkness the blood drips down, life bubbling up.
I want to see it, I want to possess it.
Inclined life, labored breath, an inclined ship,
a single-winged flight, an omen of falling from the sky that is an omen of drowning,
form decaying, the hidden coming to light.

Towards the edge, the corner, the margin, the frontier, the border of being;
the stench of death makes life stand out.
The thing that stands out desperately—
the spasm, cruelly and humorously seared onto the severance as an unmovable fate, is the origin of Butoh.
It is the original form of life.

I am a catastrophe at the center of every laceration, every crisis.
Without knowing to which world I am being arrested to,
I, myself, am the den of the demon, arresting the world.
I must be my medicine man,
a beaten corpse.

I want to be the thing that robs my existence of its totality.
The urgency towards the unknown is Eros beyond limits, a love.
I stop being a god and become a king of madness, unifying myself with the immeasurable.
It is not fear nor anxiety that fills my existence or my non-existence.
The chaos of the primitive sea in my center,
the faraway land from which this sense of existence washes up;
in front of the ocean of reality, I am a trembling bridge.

I am a nikutai (body), suspended in an escape.
The nikutai, masochistically filled with a sense of pain, is conjoined with the darkness of this country.
The urgency towards tension, spasms, pulverization, towards the absolute silence……
This pain and fascination is unbearable, leaving me lost.
The thing that lies on the dumbfounded boundary of the non-self is also the origin of Butoh.

I kill myself in the Butoh space.
But I am immortal; I will be ressurected.
When the power that kills me as a whole and revives me as a whole appears from the hina (darkness), rushing through with whirling winds,
the hinagata (shape of constant darkness) will be harvested as awakened steel.

 

HINAGATA

De l’accumulation ténèbres , le sang tombe goutte, la vie émerge, une vie chancelante, exténuée, un naufrage.

Oiseau privé d’une aile, présage de la noyade, de la chute, de la décrépitude, ce qui est chaché se révèle.

Coin, recoin, marge, frontière, limite, démarchation de l’être, de l’odeur du cadavre, la vie jaillit, jaillit désespérément.

L’origine du Buto est dans l’immuable nécessité de la cruauté, dans les convulsions d’un meutre grotesque.

Là est la matrice de la vie.

Je suis l’âme de la douleur et de la tourmente,
Je suis un prisonnier emmené vers un monde inconnu,
Je suis le péril,
Je suis l’antre des démons emportant leur monde,
Je suis Hermès,
Je suis un corps lynché,

Moi qui suis totalité, je veux me voler moi-même.
L’amour sans limite, Eros, est émergence vers l’inconnu.
Je cesse d’être un dieu.
Je deviens un roi-fou qui s’unit à l’infini.

L’Angoisse née de la peur ne remplit ni mon existence ni mon existence intérieure, la mer de mon être, la terre lointaine, le chaos originel de mon centre, d’où elle vient.

Je suis un pont fragile face à la mer de la réalité,
Je suis un corps évade, en suspend.

Le corps masochiste rempli par la sensation de la souffrance est lié aux ténèbres de cette terre.

Besoin de tension, de convulsion, de pulvérisation, vers le silence absolu.
C’est dans l’intoxication, dans la souffrance insupportable, que je m’aime moi-même.

Ce qui est aux frontières de la folie et de la négation de l’existence est aussi Père du Buto.

Je me tue quand je danse le Buto,
Mais je suis immortel,
Je ressusciterai.

Quand la puissance, qui me fait mourir et renaître comme totalité, vient des ténèbres, avec brise et tempête, les ténèbres sont moissonnées comme un acier pur.

Traduit par Julien Rieuf

translation
(English) Kimiko Watanabe
Dominique Baron-Bonarjee
Koich Kano
(French) Traduit par Julien Rieuf
March 1, 1977 Fukui
Ko Murobushi
for 《Hinagata》