“Le Cycle des Stupeurs”- Arsenal Danse

1989

from Dossier

Danser n’est pas une occupation futile.
Il faut s’avoir s’abandonner.

Car à peine nous croyons nous saisir, que nous nous échappons de nouveau.
Et c’est ainsi que nous sommes à nous-mêmes notre propre Innommable.

Danser, c’est tenter de nommer ce qui n’a pas encore de nom : quelque chose comme une vapeur incertaine qui vibre dans l’air, en avant de nous ; que nous croyons parfois atteindre et qui se dérobe sans cesse.

Danser, c’est la jubilation sans fin devant cet horizon qui toujours recule.          
C’est la jouissance du Neutre : Vie et Mort intensément mêlées.

Danser, c’est rendre au corps son bonheur de Nomade.

L’effort d’aboutir à l’œuvre fauche beaucoup d’immaturité fraîche et sauvage. Et c’est dans une sorte de sublimation et d’apprentissage technique et répétitif que cet effort enferme sa force d’éclair cruel et non répétable ; enferme aussi l’accroissement de la forme en devenir, et le frisson immédiat de ses confluences aléatoires… C’est pourquoi je dois m’efforcer de penser à la méthode de la danse qui ne perdra rien de cette dynamique des formes.

Celle-ci ne cherchera pas à éliminer les contingences de l’œuvre ni à s’arranger des forces contrôlées et sécurisantes, ni à se rendre accessible au plus grand nombre des regards. Au contraire, elle devra utiliser des éléments familiers à mon corps dansant en tant que force créatrice pour aboutir à une danse que je n’ai moi-même jamais vue. Ourdir dans le parcours de ma danse des pierres de touche par quoi je me heurte à une situation inattendue. Mettre mon corps dans une région où, ma pensée, qui cherche la maîtrise de la situation étant impitoyablement neutralisée, il ne me reste qu’à en appeler immédiatement à la mobilisation des forces endormies dans mon corps. Bref : demander la crise !

A ce moment-là, invoquées, les forces diverses, latentes, et primitives, qui ne me sont inconnues sortent des ténèbres enchevêtrées de mon corps. Offrir à celui-ci la fraîcheur du devenir instantané des forces, à la puissance de l’affirmation.

   *Préparer seulement un minimum de structures.

   *Intégrer des relations extérieures, agencées à ma danse, ménageant plusieurs coupures.

   *Rendre la danse inachevée.

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1989
Ko Murobushi